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Acadomia épinglée par la Cnil pour des fichiers contenant des injures

La société de soutien scolaire ajoutait dans ses fichiers de professeurs et d’élèves, des mentions insultantes sur leur physique ou leur vie privée. La commission lui a adressé un avertissement public.

C’est avec un vocabulaire plus que fleuri que la société Acadomia annotait les fiches des personnes qui passaient par ses services de soutien scolaire. Les professeurs comme les élèves et leurs parents y étaient traités de « gros con », « crétin fini », « saloperies de gamins », « mère salope ». Auxquels s’ajoutaient quelques détails sur leur physique ou leur vie privée totalement déplacés comme « sent mauvais de la bouche », « négligé, pas sain », « gros soucis psycho », « sort de chimio »,« a fait de la prison ».

C’est la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) qui a mis au jour cette affaire. En novembre 2009, elle a effectué un contrôle de routine dans les fichiers tenus dans une antenne Acadomia implantée à Aix-en-Provence.

La base de données incriminée est conséquente puisqu’elle comprend, entre autres, les fiches de 230 000 professeurs (recrutés ou postulants), de 350 000 clients et 150 000 prospects. La Cnil y a recensé de multiples infractions à la loi qui l’ont motivé à rendre un avertissement public, un acte rarissime, qui a été publié ce jeudi 27 mai sur son site.

Des données stockées sans limite de temps

En plus des commentaires injurieux, la Cnil a découvert que la société ne lui avait pas demandé d’autorisation pour l’ensemble des fichiers qu’elle constituait, notamment ceux qui concernaient la gestion des candidatures des enseignants inscrits, des clients et prospects.

Acadomia se permettait aussi de collecter des données personnelles au-delà de ce qui était nécessaire. Ainsi, un professeur déposant une candidature devait fournir son numéro de sécurité sociale, ses coordonnées bancaires et divers renseignements sur son entourage familial avant même d’être définitivement recruté.

Et tous ces fichiers frauduleux étaient conservés sans limite de temps. Acadomia n’effectuait aucune mise à jour ou tri pour retirer les informations d’anciens collaborateurs ou clients.

Mais au moment où la Cnil dévoile l’affaire, Acadomia affirme être désormais en conformité avec la loi. Car il s’est écoulé deux mois depuis qu’elle a reçu une mise en demeure. Les commentaires ont été supprimés et une solution de filtrage a été mise en place pour éviter que de nouveaux propos péjoratifs ne puissent à nouveau être saisis. Et pour calmer le jeu, la société précise travailler « étroitement avec la Cnil sur tous ces sujets de protection de la vie privée ».

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Coralie Cathelinais