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A la recherche de la photo perdue

Attention. A trop vouloir nager dans un océan numérique, on finit rapidement submergé par le déluge.

Ça ne me ressemble pas. Moi, le dingo de techno, qui dis stop. Que c’était mieux avant. Mais là, c’en est trop. Le numérique est censé nous simplifier la vie. En réalité, il finit par nous asphyxier.Prenez la photo numérique. C’est formidable : on peut prendre autant de photos que l’on veut pour être sur d’avoir LA bonne. Alors c’est l’euphorie. On mitraille à n’en plus finir : le
petit dernier qui vient de naître, les grimaces des copains, le chat, les plantes, les étiquettes des produits en solde, etc.La carte mémoire finit par exploser ? Ce n’est pas grave ! On en a vu une de 2 Go en promo sur le web. Et puis, de toute façon, on a un gros disque dur. Alors pourquoi se casser la tête à trier… Autant garder toutes
les photos, on ne sait jamais.Seulement voilà. En quelques mois, on se retrouve avec des milliers de fichiers IMG_3540, DSC2389.JPG, que l’on finit par ne jamais regarder, jamais classer, jamais retoucher, jamais effacer. Sans parler des photos qui dorment
dans les téléphones appareils photo.C’est bien le problème du numérique : la capacité à capturer dépasse largement celle à consommer. On est toujours à la traîne. Il y a tellement de photos, tellement peu organisées, que l’on n’éprouve plus le même
plaisir à les regarder. Avec les bons vieux albums papiers, au moins, on avait le temps.Le problème est le même avec la musique. Quand on achète un CD de temps en temps, on prend le temps de l’écouter. S’il est bon, la musique finit gravée dans notre mémoire. Aujourd’hui on achète des morceaux à la
pelle pour presque rien sur iTunes ou on les télécharge gratuitement sur les réseaux P2P.Du coup, les gigaoctets s’accumulent dans nos baladeurs MP3. Mais on n’arrive plus à suivre dès qu’il faut écouter. Résultat, on se remet les vieux albums en boucle, ceux que l’on a ripés soi-même et que
l’on avait pris le temps d’écouter.Alors méfiance. Le numérique offre une gigantesque mémoire, certes, mais sans aucune émotion. Or les photos et les morceaux qui nous ont le plus marqués sont ceux que nous avons pris le temps de regarder ou d’écouter encore et
encore. Chose impossible quand on accumule des dizaines de fichiers chaque jour.Si l’on veut redonner un peu d’émotion au numérique, il faudra savoir faire des pauses. Le temps d’organiser tout ce ‘ bazar ‘ sur nos disques durs.* Rédacteur en chef adjoint de 01 InformatiqueProchaine chronique mardi 14 juin

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Anicet Mbida*