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À défaut de recruter, Cap Gemini Ernst & Young fait bouger

Après avoir embauché massivement en l’an 2000, la société prise désormais la mobilité interne pour faire face à la contraction de l’activité.

Pour Cap Gemini Ernst & Young (CGEY), l’année 2001 a tout d’une année charnière. Et pour cause : on est passé du recrutement de masse à des suppressions de postes. Mi-octobre, lors de la présentation de ses résultats du troisième trimestre, la société de services et de conseil a annoncé 600 licenciements (soit 200 en Allemagne et 400 aux États-Unis). À ajouter aux 2 700 postes supprimés en juin.

Gel des recrutements

En France, les objectifs de recrutement, fixés en début d’année sur la base des fastes de 2000 (près de 4 000 nouveaux embauchés !), sont bien évidemment allégés, à l’aune de la baisse d’activité. En juillet 2001, l’effectif du numéro 5 mondial des SSII s’était renforcé de 2 500 personnes dans l’Hexagone. Le directeur des ressources humaines de CGEY France, Jean-Michel Rale, précise : “Nous conservons notre appareil de recrutement. Mais demandons aux unités de ne pas recruter pour le moment.” Les rares embauches encore réalisées portent sur des profils expérimentés, qualifiés (bac +5) mais surtout généralistes. Dans le contexte actuel, accorder des missions en continu à un ingénieur très spécialisé dans un domaine peut s’avérer difficile. En fonction de la demande, les consultants doivent pouvoir passer d’une activité à l’autre, ce qui prémunit le groupe de plans sociaux. Du moins si la récession ne s’aggrave pas. CGEY prévoit ainsi que l’infogérance, à savoir l’exploitation des services informatiques pour le compte d’entreprises clientes, qui représente 40 % de l’activité totale du groupe, poursuivra sa croissance. À l’inverse, d’autres unités devraient voir leur activité stagner, voire régresser.

Mobilité interne

Aussi la gestion de la mobilité interne prime sur le recrutement. Le cross-staffing, permettant à un même consultant d’intervenir dans deux unités différentes, en est une des principales composantes. Par ailleurs, en 2000, le groupe avait abondamment communiqué sur des formations métier pour les jeunes diplômés bac +2. Au nombre de 550 l’an passé ?” touchant près d’un nouvel embauché sur cinq ?”, elles avaient alors été organisées dans le but de pallier la pénurie de main d’?”uvre. Aujourd’hui, il y a fort à parier que ces sessions d’enseignement vont connaître une baisse de régime. “Cela étant, les cours déjà engagés devraient se poursuivre”, avance prudemment le directeur des ressources humaines. Quant aux consultants spécialisés en formation, ils exerceront davantage à l’externe qu’en interne. Deux approches qui, au demeurant, requièrent les mêmes aptitudes : “Tous les consultants de CGEY ont vocation à exercer une partie de leur activité comme formateurs, insiste Jean-Michel Rale. Les formations sont dispensées pour répondre aux besoins des clients. Elles sont systématiquement rattachées à un projet.”

Souplesse des salaires

On l’aura aisément compris, l’argument “vous serez affectés à de beaux projets”, fréquemment servi pour fidéliser le salarié, n’a plus cours en temps de crise. La mobilité est le nouveau mot d’ordre. Jusqu’alors, les consultants étaient affectés soit à un client, soit à une opération de formation en interne. Dorénavant, ils doivent faire preuve de souplesse. De même pour les salaires. Leur part variable ?” jusqu’alors de 10 % ?” devrait être augmentée. Les négociations sont encore en cours. Quant aux perspectives de carrière, elles sont, elles aussi, soumises à l’épreuve d’une réalité économique difficile. Dans le mode de fonctionnement de l’université interne au groupe (lire ci-contre), c’est l’unité dans laquelle intervient le participant qui rémunère sa formation. On imagine quel choix feront les plus touchées par la crise. Organisation décentralisée, reposant sur le principe de l’esprit entrepreunerial, CGEY connaîtra-t-il la fracture sociale ? Pour l’heure, le groupe tient à souligner son unité. Une façon d’esquiver les difficultés parfois évoquées à digérer la fusion entre Cap Gemini et Ernst & Young de janvier dernier.

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Valérie Quélier