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A croire que satellite rime avec faillite

La pluie d’étoiles filantes, un moment annoncée, puis remise en question, puis de nouveau d’actualité, n’aura, en fin de compte, pas lieu : Iridium, la constellation de soixante-six satellites en orbite basse, ne sera pas détruite.

En réalité, il s’agit moins d’une résurrection que d’une rémission : Iridium est sauvée pour deux ans. Pendant ce laps de temps, le Pentagone (département de la Défense américaine) va payer 72 millions de dollars pour que vingt mille de ses employés puissent utiliser ce système de communication. Ensuite…Pour éviter de se retrouver de nouveau au pied du mur, la nouvelle société d’exploitation, Iridium Satellite LLC, recherche activement d’autres clients et a singulièrement baissé ses ambitions : 1,5 dollar la minute de communication au lieu de 3 à 7 dollars au moment du lancement du service, voici trois ans. Elle vise non seulement les VIP qui veulent épater leurs interlocuteurs avec des terminaux à 25 000 francs, mais des secteurs industriels : aviation, marine, pétrole, bâtiment…Le plus extraordinaire est que l’histoire de la faillite d’Iridium n’est pas unique : les deux autres constellations de satellites pour les services vocaux des années quatre-vingt-dix, ICO et Globalstar ont connu des sorts analogues à Iridium. A croire que satellite rime avec faillite.ICO est tombée, comme Iridium, sous le coup du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites en 1999. Là aussi, le projet se révélait beaucoup trop ambitieux et les actionnaires renâclaient pour combler les déficits. Le salut est venu de Greg MacCaw, milliardaire américain, qui a racheté ICO il y a quelques mois pour le fondre dans le projet Teledesic, constellation de satellites en orbite basse large bande et de seconde génération (mise en service 2004). Que restera-t-il du projet ICO initial ?Globalstar a lui aussi connu des difficultés financières cet automne. Les actionnaires-investisseurs, au premier rang desquels Loral et Qualcomm, ont mis finalement la main au portefeuille pour assurer les échéances jusqu’en juin prochain. Après, il faudra que les résultats soient au rendez-vous, sinon…Au vu de cette déconfiture, on peut s’interroger sur la pertinence des projets en cours, Skybridge et Teledesic. Ils se veulent être à la donnée transmise à haut débit, ce que les autres étaient à la voix. Eux aussi prétendent couvrir des lacunes dans les systèmes terrestres.Mais ne vont-ils pas souffrir des mêmes handicaps que les réseaux précédents : voir se réduire comme peau de chagrin leurs zones d’intervention privilégiées ? Les faisceaux hertziens et surtout les systèmes point-multipoint (LMDS) pourraient bien en effet occuper le terrain avant l’arrivée de ces constellations.Il leur reste à ne pas tomber dans les mêmes pièges que les précédents. La clé du succès résidera principalement dans les prix. S’il n’y avait qu’une leçon à retenir de l’aventure dIridium, ce serait celle-là.Prochaine chronique le vendredi 12 janvier 2001

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Jean-Pierre Soulès