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A Bangalore, internet libéralise l’économie et… la société

Le c?”ur technologique du sous-continent indien a succombé aux charmes de la net économie. Mais le réseau ne touche pas que le monde des affaires. Il pénètre aussi au c?”ur des foyers.

” Internet me permet de sortir de chez moi. Enfin je découvre le monde. “Mère de famille installée à Bangalore, dans le sud de l’Inde, Amrit Sethi profite d’une nouvelle liberté grâce au web. Comme nombre de femmes de la classe moyenne urbaine, elle est confinée chez elle par un mari traditionaliste qui ne veut pas qu’elle travaille, malgré son diplôme de littérature anglaise.” Il y a trois ans encore, je n’osais même pas téléphoner. Aujourd’hui, je visite des sites sur les pays étrangers, sur l’actualité… Surtout je passe des heures à discuter. Je peux enfin parler à d’autres personnes. C’est une véritable libération “, confie-t-elle, avec un sourire gêné.Comme Amrit, elles sont des milliers à être devenues des passionnaria d’internet. Au point d’avoir créé une association où elles s’échangent les adresses des meilleurs sites, parfois… polissons. Liberté ou nouvel esclavage ? Le débat est lancé en Inde. “On n’imagine pas la souffrance de femmes intelligentes qui sont contraintes par le poids de la tradition. Grâce à internet, elles peuvent enfin s’exprimer. Le nombre de divorces a d’ailleurs augmenté depuis l’arrivée du web, car les femmes découvrent qu’elles ont des droits “, explique Urvashi Butalia, de l’association féministe Kali for Women.Moins de deux millions de foyers indiens sont connectés à internet ?” la progression est toutefois de 280 % en moyenne par an depuis 1997 ?” et à peine 35 % des femmes sont alphabétisées.Surnommée la Silicon Valley du sous-continent, Bangalore a aussi vu son environnement physique changer à cause d’internet. Les cybercafés fleurissent à chaque coin de rue. On en trouve même dans les stations service.“Surfer sur la toile tout en faisant le plein d’essence “, promet une publicité d’Hindustan Petroleum.Le web vient aussi indirectement en aide aux entreprises en difficulté. “Depuis que j’ai rebaptisé mon échoppe Flowers Dot-com, mon chiffre d’affaires a progressé de 15 %. Pourtant je n’ai jamais touché un ordinateur de ma vie “, s’amuse un fleuriste. Ce que confirme S. V. Ramachandran, le directeur d’une association professionnelle de concepteurs de logiciels : “Le succès des firmes informatiques est tel qu’emprunter un nom lié au vocabulaire d’internet permet de relancer l’activité d’une entreprise. Mais cela ne dure qu’un temps “.

L’effet de mode internet

De nouvelles écoles d’informatique ouvrent tous les jours, et les diplômés ne jurent que par le net.“Les points positifs sont le dynamisme des jeunes et la confiance nouvelle qu’ils ont dans l’Inde. L’aspect négatif est que beaucoup s’imaginent faire fortune en revendant des millions la start-up qu’ils auront créée trois ans auparavant. En outre, les autres sections des universités n’ont plus de candidats. Aujourd’hui, ne pas faire d’informatique, c’est être ringard “, se lamente N. V. Raghavan, de l’Indian Institute of Sciences.Mais, si internet a incontestablement une influence nouvelle sur la vie quotidienne dans le sous-continent, il ne faut pas oublier que des millions d’Indiens dépendent toujours d’une bonne mousson pour survivre.

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Jean Piel à New Delhi