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450 000 films téléchargés illégalement chaque jour

Pour la première fois, l’industrie de l’audiovisuel a quantifié le piratage sur les réseaux de P2P. Le nombre de téléchargements illicites quotidiens approche le nombre d’entrées au cinéma.

Première publication le 30 juillet 2008

Le piratage de films placé sous observation en France

Sur le premier semestre de 2008, ‘ Bienvenue chez les Ch’tis ‘ et ‘ Transformers ‘ arrivent en tête des films français et étrangers les plus souvent téléchargés
illégalement sur les réseaux ‘ peer to peer ‘.
Avec plus de 20 millions d’entrées, Bienvenue chez les Ch’tis est le film le plus populaire du cinéma français. Sa carrière s’annonce tout aussi brillante sur les réseaux de téléchargements
illégaux, au grand dam de l’industrie cinématographique.Alors que le film de Dany Boon ne sera pas disponible en DVD (puis en VOD, soit en vidéo à la demande) avant la fin du mois d’octobre, près de 682 000 internautes ont pu le télécharger illégalement au cours des quatre mois qui
ont suivi sa sortie en salles, le 27 février dernier. D’après l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa), il s’agit du film français le plus piraté depuis le mois d’octobre 2007, devant
Persepolis et La Môme, avec respectivement 675 000 et 287 000 téléchargements.

Un observatoire trimestriel

Le 15 juillet dernier, l’Alpa communiquait en effet la première édition de son observatoire du téléchargement illégal de films sur les réseaux peer to peer. Réalisée depuis octobre 2007 par Thomson
et Advestigo pour le compte de l’Alpa, cette étude comptabilise le nombre d’?”uvres téléchargées sur les principaux réseaux P2P (eDonkey, BitTorrent, Gnutella…). Elle porte uniquement sur les films disponibles en langue
française, téléchargés dans leur totalité et à l’exclusion de tous les fichiers corrompus circulant sur les réseaux de partage.‘ C’est la première fois que nous pouvons quantifier aussi précisément le piratage de films, explique Frédéric Delacroix, délégué général de l’Alpa. Cela nous permet
d’observer les évolutions de ce phénomène, aujourd’hui majeur en France. ‘
L’association souhaite étendre son observatoire au cas des séries TV, elles aussi piratées massivement sur Internet.Elle envisage de rendre publics ces chiffres à un rythme trimestriel, parallèlement à la publication de
l’Observatoire de la VOD. Pour Frédéric Delacroix, il s’agit ‘ d’évaluer les préjudices subis par
l’industrie audiovisuelle à travers l’exploitation des ?”uvres en DVD, en VOD et sur les chaînes de télévision. ‘

Les films américains ont la cote

Ce premier hit-parade du piratage souligne en tout cas l’attrait des internautes pour les films américains. Depuis le mois d’octobre dernier, Transformers a été téléchargé plus de 3,7 millions de fois,
soit près de 5,5 fois plus que les Ch’tis (il est vrai sorti en salles plus de six mois après). Les ?”uvres américaines représentent 66 % des téléchargements illégaux, contre 19 % seulement pour les films
français.Autre conclusion : la disponibilité très précoce de versions piratées n’empêche pas un succès en salles. La preuve avec les Ch’tis qui a battu tous les records de fréquentation malgré une version
pirate de qualité DVD diffusée
quelques jours seulement après sa sortie sur grand écran. En revanche, l’exploitation du
long-métrage en DVD et en VOD risque de pâtir de cette version illicite.Enfin, il faut remarquer que le phénomène du piratage est très concentré : 100 films seulement réunissent 90 % des téléchargements illicites. Voilà qui pourrait simplifier la mise en place d’une solution de
filtrage des contenus illicites sur les réseaux, même si cela n’est pas officiellement à l’ordre du jour.Quoi qu’il en soit, l’Alpa se défend de vouloir se servir de cet observatoire comme d’un instrument au service de la répression contre le piratage. ‘ Il ne s’agit que d’observer
le trafic sur des réseaux ouverts. C’est tout à fait légal et, en aucun cas, nous ne relevons des informations sur les gens qui téléchargent ‘,
insiste Frédéric Delacroix. Pour se livrer à cette pratique, les ayants
droit devront attendre l’adoption de
la loi Création et Internet, dont l’examen au Parlement est prévue à la rentrée prochaine.

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Stéphane Long