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3i encaisse quelques sérieux… coûts

Le bailleur de fonds britannique, qui licencie et ferme sept bureaux en Europe, revoit sa stratégie d’investissement massif dans les sociétés high-tech. Repli conjoncturel ou tendance de fond ?

L’annonce des résultats provisoires de 3i deux semaines avant la date prévue ne laissait rien augurer de bon. ” Dans cet effet d’annonce, il y avait la crainte que les résultats de la compagnie fussent au-dessous de leurs attentes “, témoigne un trader d’une grande banque d’investissement européenne.Le leader du capital-risque européen a annoncé le 30 octobre dernier qu’il allait fermer sept de ses plus petits bureaux en Europe : trois en Grande-Bretagne et quatre autres dans le reste de l’Europe, ramenant ainsi le nombre de ses bureaux à trente-six aujourd’hui, dans seize pays dans le monde.Des mesures qui s’accompagnent d’une réduction de 17 % des effectifs, soit 185 personnes. Motif de ces coupes claires : une conjoncture économique défavorable ?” en particulier au mois de septembre ?” à laquelle s’ajoutent les performances mitigées du secteur high-tech, poids lourd des investissements du groupe.

1,8 milliard d’euros de pertes

” Ces changements d’organisation sont nécessaires pour garantir l’équilibre d’une société, a commenté Brian Larcombe, CEO (Chief Executive Officer) lors de l’annonce des résultats. Et la réduction des effectifs est une réponse à la baisse des investissements que nous voyons se profiler dans le temps. “Concrètement, 3i accuse des pertes de l’ordre de 1,8 milliard d’euros pour le premier semestre 2001 et un recul de la valeur de l’actif net de 22,6 % à 640 pences par action. Laquelle s’inscrit en baisse de 26 % sur la même période.Selon Liz Hewitt, directeur général, ” les résultats ont été lourdement impactés par les mouvements de la Bourse, ce qui a naturellement des conséquences sur la répartition de nos investissements mais en aucun cas sur notre business model “.Décryptage : les entreprises technologiques en phase initiale de développement ne seront plus nécessairement le centre d’attention de la société comme cela a été le cas ces deux dernières années en Europe. La tendance serait à un rééquilibrage des investissements en faveur de tous types de sociétés ?” pas seulement technologiques ?” quel que soit leur stade de développement, via notamment des MBO (management buy-out ou rachat de l’entreprise par ses managers).

Retour au vieilles méthodes

Une tendance, qui, selon Liz Hewitt, serait le reflet du marché européen. Autre changement de cap : un retour à peine voilé de 3i vers des transactions de montant plus modeste. ” 3i s’est toujours concentré sur des petits deals”, rectifie Liz Hewitt.” Ce n’est que depuis dix-huit mois que le groupe avait élargi sa base d’investissements à des transactions plus importantes sans pour autant abandonner les transactions plus modestes “, ajoute le directeur des affaires internes.Mais où situer la frontière ? Si l’on s’en tient aux propos livrés à la presse britannique par Jonathan Russell, coresponsable de l’investissement pour la Grande-Bretagne, un financement minimal serait de l’ordre de 8 millions d’euros ; un chiffre porté à 16 millions par un autre dirigeant du groupe. La confusion demeure donc.Il n’empêche, 3i semble jouer sur le registre de l’optimisme mesuré : ” Le capital-risque est une industrie dont la croissance se fait sur le long terme, commente Liz Hewitt. Et ce que nous constatons actuellement n’est qu’un cycle provisoire à l’intérieur d’une tendance à plus long terme “. Une durée provisoire qu’aucun observateur ne se risque aujourd’hui à évaluer avec précision.

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Stéphanie Selta, à Londres