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3G : Free perd une bataille mais pas la guerre

Le rejet de la candidature de Free à une licence de téléphonie mobile 3G peut se révéler profitable pour le FAI, et pour les consommateurs aussi.

La téléphonie mobile 3G a échappé à Free… du moins pour le moment. Car le
rejet de sa candidature à une licence d’opérateur 3G, annoncé par l’Arcep ce mardi 10 octobre, pourrait au
contraire lui permettre d’arriver à ses fins dans de meilleures conditions financières. Free était le seul à s’être porté candidat. Le gouvernement va donc devoir faire des concessions s’il souhaite se débarrasser de cette licence et accéder ainsi à
la demande récurrente des associations de consommateurs : autoriser l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile pour stimuler la concurrence.La réaction de l’UFC-Que Choisir à l’annonce du rejet de la candidature de Free ne s’est d’ailleurs pas fait attendre : l’association demande aux pouvoirs publics ‘ d’agir dans l’intérêt des
consommateurs en faisant écrire dans la future “loi consommation” des règles favorables à l’émergence d’un nouvel acteur dans le secteur de la téléphonie mobile ‘.
Pour Vincent Poulbère, analyste
principal chez Ovum, ‘ l’arrivée d’un quatrième acteur est probablement le seul élément capable de faire bouger les parts de marché stagnantes d’Orange, SFR et Bouygues Telecom. Ce serait également profitable au développement
des MVNO. ‘
La maison-mère de Free réclame depuis des mois une ristourne sur le montant de la licence 3G, qui s’élève à 619 millions d’euros (et 1 % du chiffre d’affaires annuel généré). Avec, entre autres arguments, le fait qu’un nouvel
entrant ne peut s’acquitter du même ticket d’entrée que des opérateurs établis depuis des années comme Orange, SFR et Bouygues Telecom. Dans son dossier de candidature, établi au nom de sa filiale Free Mobile, l’opérateur prévoyait tout de même un
paiement échelonné de cette somme, allant à l’encontre de l’obligation de versement unique prévu par la licence.

Nouveau bras de fer pour Bercy

Il s’agit d’une des raisons du rejet de son dossier par le régulateur des télécoms, l’Arcep, qui lui reproche également l’absence de plan de financement et même de garantie bancaire. ‘ L’Arcep a joué son rôle.
Maintenant, la balle est dans le camp des politiques,
indique Vincent Poulbère. S’il n’y a pas de prise de position nette du gouvernement, l’affaire sera close et le marché restera figé pour plusieurs
années… ‘.
Et après plusieurs tentatives infructueuses, le gouvernement doit résoudre une fois pour toutes le problème de la 3G, quitte à baisser ses prétentions financières. Bercy avait déjà dû
réduire drastiquement le ticket d’entrée des premières licences 3G en 2001, de 4,95 milliards à 619 millions d’euros ! Et ce, notamment en raison du coup d’éclat
de Bouygues Telecom, qui avait refusé de se porter candidat face à un tel tarif.Six ans après Bouygues, c’est au tour de Free d’entraîner Bercy dans un bras de fer qui risque fort d’aboutir à une révision de la loi, et peut-être plus rapidement qu’on ne le croit. Si des conditions financières plus clémentes étaient
ainsi adoptées, Free aurait réussi son coup de bluff et pourrait se porter à nouveau candidat à l’obtention de la licence, et certainement avec un dossier plus sérieux : le FAI doit impérativement ajouter la téléphonie mobile à sa panoplie pour
devenir opérateur quadruple play. Les consommateurs seront également gagnants, puisque de nouveaux acteurs, rebutés par les conditions actuelles de licence, pourront revenir sur les rangs.

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Julie de Meslon