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2006, l’année où Apple et Steve Jobs ont basculé dans les brevets

Un an avant la sortie de l’iPhone, une querelle entre Apple et Creative se solde par un chèque de 100 millions de dollars fait par Cupertino. Le point de départ d’une nouvelle politique du tout brevet, qui a abouti à la situation actuelle.

Dans le cadre d’une série d’articles sur l’iEconomy, le New York Times fait un point sur les brevets et sur les circonstances qui ont abouti à faire d’Apple un des acteurs les plus présents sur ce front et devant la justice.

Aux sources du mal

En 2006, un an avant la sortie de l’iPhone, Apple met un terme à un conflit qui l’oppose à Creative au sujet d’un brevet à application large qui concerne les lecteurs musicaux portables déposé par la société taiwanaise. L’affaire se termine par un chèque de 100 millions de dollars et la douloureuse impression d’avoir été le dindon de la farce pour Apple, qui a l’époque déjà domine le marché des baladeurs avec ses iPod introduits en 2001. Pour l’année 2006, Apple a en effet vendu quelque 39,4 millions d’iPod, tous modèles confondus pour des revenus de 7,7 milliards de dollars. Les revenus des baladeurs d’Apple vont continuer de croître de manière constante pendant encore deux ans, jusqu’à l’année 2008, qui marque un pic à 9,1 milliards de dollars de revenus pour 54,8 millions d’unités écoulées.

Comparatif des ventes et revenus
Comparatif des ventes et revenus – Comparatif des ventes et revenus

Puis la montée en puissance de l’iPhone, à partir de 2009 essentiellement, va entraîner un basculement économique. Mais ce changement n’est pas le seul. En effet, avant le lancement de l’iPhone, échaudé par ce revers, Steve Jobs, alors PDG d’Apple lance une nouvelle dynamique : le dépôt de brevet à tout va. Le brevet en tant qu’arme pour pouvoir à tout moment répondre à une attaque pour violation de brevet.

Les brevets comme une arme

Une nouvelle politique qui a des répercussions au quotidien. Ainsi, les ingénieurs de Cupertino voient se multiplier les réunions avec les avocats spécialistes de la propriété intellectuelle. Une tendance résumée en une phrase par Tim Cook : « Apple n’est pas là pour innover pour les autres. »
C’est ainsi que les icônes carré avec les angles arrondis ont été brevetés, même choses pour quelques autres inventions ou trouvailles un peu plus importantes. Ce qui aboutit à des situations inextricables, à des procès fleuves et aussi à une réalité aberrante. En 2011, Google et Apple ont dépensé plus en justice pour la protection de leurs brevets et en achats de nouvelles propriétés intellectuelles qu’en recherche et développement. Sur les années 2010 et 2011, pas moins de 20 milliards de dollars ont été dépensés en achats et défenses de brevets pour le seul marché des smartphones. Une économie parallèle. La manifestation d’un système qui a perdu le nord et s’affole, entraînant dans sa ronde tout un univers, celui, central dans la vie de millions de personnes, de la high tech.

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Pierre Fontaine