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2001, l'” année noire ” d’EMC

Première année de régression du chiffre d’affaires depuis la création du constructeur. Du coup, EMC licencie et change de modèle commercial.

” 2001 restera pour nous une année noire. Depuis douze ans, nos résultats étaient en hausse significative à chaque exercice. Il y a un an, notre vision était positive, mais, rapidement, nous avons dû revoir nos prévisions. C’est la première fois que notre chiffre d’affaires régresse, et le troisième trimestre 2001 a vraiment été mauvais “, André Andrieux, PDG d’EMC France, donne tout de suite le ton…Les chiffres sont à l’unisson. Pour le dernier trimestre de l’exercice 2001, EMC affiche 1,51 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Un mieux de 25 % par rapport au trimestre précédent (1,21 milliard), mais une chute par rapport aux 2,6 milliards de dollars amassés au dernier trimestre 2000.” Les événements de septembre ont marqué un coup d’arrêt pour nos commandes du troisième trimestre, où nous enregistrons d’ordinaire une grande activité. Ensuite, elles ont repris. La comparaison avec les chiffres de fin 2000 doit être nuancée, c’était vraiment un trimestre record “, commente André Andrieux.

Un constructeur malmené par la crise et la concurrence

Au total, le dernier trimestre 2001 comporte une perte de 70 millions de dollars (contre 270 millions de dollars de pertes avant charges exceptionnelles au troisième trimestre 2001 et 562 millions de dollars de bénéfices au dernier trimestre 2000).Pour l’année 2001, le chiffre d’affaires atteint 7,09 milliards de dollars, en baisse de 20 % par rapport à l’année 2000. Les pertes s’élèvent à 508 millions de dollars contre 1,78 milliard de bénéfices en 2000.Les causes de cette contre-performance sont multiples. La crise mondiale et le suréquipement des entreprises ont provoqué une décélération de 18 % des investissements des entreprises sur le stockage disque (source IDC).La concurrence a aussi joué son rôle : “Historiquement, nous avions peu de concurrents. Mais comme nous sommes sur un marché porteur, ils ont fini par se déclarer. Et, pour prendre des parts de marché, ils se sont engagés dans une guerre des prix”, analyse André Andrieux.En toute urgence, le constructeur a, dès octobre, annoncé une modification de son modèle, jusqu’ici basé sur la croissance, pour l’orienter vers une structure de coûts. En conséquence, 4 000 postes vont être supprimés au niveau mondial.

Des embauches en dépit de la conjoncture ?

Ces mesures touchent la France où un plan social est en cours pour la suppression de 178 postes. L’affaire fait du bruit : EMC mène depuis deux ans sur notre territoire une politique de recrutement agressive, particulièrement pour les postes de commerciaux, avec primes de cooptation et recherche de personnels chez les concurrents. L’entreprise est en effet passée de 260 personnes en 1999 à 580 en 2001.” Certains de mes collaborateurs me reprochent d’avoir recruté pour licencier ensuite. Je leur réponds d’abord qu’il y a 178 postes supprimés sur 260 embauches. Nous n’avons pas une politique d’employés jetables. De plus, EMC a fonctionné jusqu’ici sur un modèle d’investissement par anticipation, correspondant à notre croissance annuelle. Nous recrutions d’avance en sachant que la montée en charge venait quelques mois après. La croissance n’étant pas au rendez-vous, les licenciements sont une obligation pour maintenir la bonne gestion de l’entreprise plutôt que de la laisser dépérir “, explique André Andrieux.

EMC n’adressera plus les moyennes entreprises en direct

Mais il reconnaît aussi une erreur stratégique. “Au niveau mondial, nous avons essayé de toucher les moyennes entreprises avec la démarche directe que nous appliquions auparavant aux grands comptes. C’était une erreur. Les compétences internes des moyennes entreprises les poussent à demander des solutions clefs en main. Nous laisserons donc nos partenaires les leur fournir, et nous nous concentrerons sur nos clients grands comptes”, ajoute-t-il.Au total, EMC, qui n’a pas encore fait état de ses prévisions pour 2002, parle aujourd’hui d’année de transition. L’entreprise souhaite, à terme, diminuer de 67 % à 50 % la part de ses revenus assurée par la vente de matériels, et augmenter la part du logiciel et des services.

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Renaud Bonnet