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10 gigaoctets sur un rouleau de Scotch

Des chercheurs allemands essaient de modifier les propriétés d’un véritable rouleau de ruban adhésif afin d’y stocker 10 gigaoctets de données. Avec, déjà, de premiers résultats.

Steffen Noehte et Christoph Dietrich sont des spécialistes des hologrammes, ces reproductions d’images en trois dimensions. Et comme de nombreux scientifiques, notamment dans les laboratoires d’IBM à Almaden (Californie), ils sont persuadés que ce phénomène optique constitue le mode de stockage de données de demain.Comment ? La mémoire holographique est un support ?” un cube de cristal, par exemple ?” dans lequel des couches de données sont enregistrées à l’aide d’un rayon laser. A chaque nouvelle incidence du faisceau lumineux, une nouvelle couche est enregistrée. Dans les laboratoires de l’université de Mannheim (Allemagne), le support choisi n’est pas du cristal, mais un simple morceau de ruban adhésif. Steffen Noehte y a stocké une image à l’aide d’un rayon laser. Il l’a ensuite projetée sur un mur blanc en frappant à nouveau le morceau d’adhésif à l’aide d’un autre rayon laser orienté à l’identique.” Ce qui est possible sur un petit morceau est sans doute faisable avec un rouleau entier “, se dit Steffen Noehte. La méthode de l’holographie permet d’atteindre les différentes couches de l’adhésif en dirigeant différemment le rayon laser. Nul besoin, par conséquent, de dévider le rouleau ! Les données sont stockées à l’intérieur d’un volume et non plus seulement en surface, comme sur un CD-ROM. Un simple rouleau d’adhésif de 10 mètres, semblable à ceux de nos bureaux, suffirait pour mémoriser 10 gigaoctets de données.Steffen Noehte se donne cinq ans pour développer un véritable prototype. Passé l’étonnement, l’intérêt de cette recherche est dans la possibilité de stocker des données sur un support très bon marché. Car, aujourd’hui, si les chercheurs s’accordent à penser que l’holographie est une méthode de stockage prometteuse (chez IBM, on enregistre de cette manière 12 gigaoctets de données dans un cristal de 1 cm3, l’équivalent d’un morceau de sucre), ils butent sur le coût des cristaux, des matériaux au prix de revient excessif. Les films plastique (comme les polymères utilisés pour les rouleaux d’adhésif) ont de nombreux avantages : ils consomment peu dénergie, sont légers et peuvent être recyclés. Tout semble coller pour en faire les matériaux de stockage du futur.

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David Groison